La déchèterie intercommunale de Sichamps est actuellement envahie par la Renouée du Japon. La Communauté de Communes Les Bertranges a donc décidé d’en faire un site expérimental pour lutter contre la Renouée et tester différentes techniques de gestion.
La Renouée du Japon, qu’est-ce que c’est ?
Commençons déjà à expliquer quelle est cette espèce que l’on nomme « Renouée du Japon »… Originaire d’Asie, elle a été introduite en Europe au début du 19ème siècle comme plante ornementale, mellifère et fourragère. L’extension de son aire de répartition, favorisée par l’activité humaine, débute au milieux du 20ème siècle. Cette plante pionnière à la capacité de coloniser les milieux perturbés et/ou remaniés par l’activité humaines.
> Biologie
Cycle biologique – À la suite d’une levée de dormance qui débute courant du mois de mars, la Renouée commence à édifier ses tiges en formant des touffes assez denses. Son développement très rapide, typique des plantes pionnières invasives, lui permet d’atteindre rapidement au moins 1 à 2m de hauteur.
Pendant l’été, sa photosynthèse est intense et ce n’est qu’à la fin de l’été voire au début de l’automne qu’elle fleurit, s’hybride et produit ses graines. Puis elle se met en dormance en novembre jusqu’au mois de mars où elle recommence son cycle.
Habitat – La Renouée du Japon est une redoutable colonisatrice pouvant s’installer sur de nombreux milieux, en majorité humides. On peut la retrouver : le long des voies ferrées, au bord des routes, sur les chemins, dans les parcs, le long des berges des cours d’eau, dans les terrains vagues ou sur les remblais (tous les terrains perturbés par l’activité humaine). Elle peut même traverser le bitume !
Elle apprécie tout particulièrement les milieux humides, les sols acides bien alimentés en eau et un bon ensoleillement. Elle est moins vigoureuse sur les sols calcaires et ne supporte pas l’asphyxie racinaire.
De plus, la présence de zones ombragées où la Renouée est en concurrence avec des espèces ligneuses semble être un facteur limitant à son installation.
Reproduction – La renouée du Japon est une plante dioïque (pied mâle et pied femelle) vivace. En France, seuls des individus mâles stériles sont connus sur le territoire mais elle peut s’hybrider avec la Renouée de Sakhaline (pas de données à ce jour sur le territoire des Bertranges).
Le mode de reproduction de la plante se fait à partir des fragments de rhizomes et bouture des tiges à partir des nœuds. Quelques grammes de fragments de rhizome suffisent à renouveler un individu.
> Comment la reconnaître
C’est une plante terrestre et pérenne qui forme des touffes de tiges annuelles à croissance rapide à partir d’un rhizome très résistant. Il est possible de la reconnaitre grâce à :
- Ses tiges : de couleur verte ponctuées d’aspérités rouges, glabres, creuses en « canne » et cassantes. Elles possèdent des nœuds marqués et peuvent mesurer jusqu’à 4m de haut.
- Ses feuilles vertes, alternes, grandes de 15 à 20 cm de long et épaisses.
- Ses fleurs blanches, verdâtres réunies en grappes multiflores qui apparaissent à la fin de l’été.
Mode de propagation – Le principal mode de dissémination des Renouées reste le transport accidentel de fragments de la plante (véhiculés par les cours d’eau, le transport de terre, composts …).
Les impacts de la Renouée du Japon et la gestion de sa prolifération
La Renouée du Japon est une espèce très compétitrice du fait de la rapidité de sa croissance et de la canopée formée par son feuillage et sa densité en tiges.
Elle forme des peuplements denses et mono-spécifiques qui ont un effet sur le fonctionnement des écosystèmes. Le système racinaire très développé de la Renouée du Japon n’est pas constitué de véritable racine capable de retenir le sol. L’installation de cette plante sur les berges est donc préoccupante, par la déstabilisation du sol qu’elle induit par ses rhizomes puissants. Elle peut provoquer la formation de barrages et d’encombrements dans les cours d’eau lorsque, à l’automne, ses tiges desséchées se cassent et sont emportées en aval.
Au niveau de la biodiversité, son action est claire et radicale, plus rien ne pousse sous les renouées. Le feuillage est dense et imposant du printemps jusqu’à l’automne. De leur côté les rhizomes occupent et monopolisent le sol et ses ressources. La flore locale et la faune qui l’accompagne sont directement menacées par sa présence. Le paysage et les milieux sont très largement modifiés par la présence de cette plante (homogénéisation et fragilisation).
La vigueur et la force de la Renouée, lui donne une capacité de développement extraordinaire et lui permettent de percer le bitume ou de détruire des grillages.
Elle pose également de nombreux problèmes aux gestionnaires d’espaces publics, aux agents de l’équipement et des collectivités locales qui n’arrivent plus à maitriser sa prolifération.
> Gérer sa propagation
Plusieurs moyens de lutte existent suivant la localisation et la grandeur des taches de Renouées. Il est important d’adaptée la technique en fonction des conditions du milieu.
- Pâturage par des moutons ou des chèvres
- Bâchage de la zone avec bâche opaque et épaisse pendant plusieurs années. Fixation rigoureuse de la bâche avec des agrafes. Surveillance de la zone plusieurs fois par an pour éliminer les Renouées qui pousseraient autour de la bâche ou entre les agrafes.
- Bâchage + plantation d’espèces concurrentes ligneuses ou herbacées présentes à proximité du site (saules, reine des prés, bourdaines, sureaux yèble, …). Surveillance de la zone plusieurs fois par an pour éliminer les Renouées qui pousseraient autour de la bâche ou entre les agrafes.
- Plantation de ligneux sans bâchage, nécessite des coupes de dégagement de renouées tous les mois plusieurs années de suite.
- Fauchage plusieurs fois par an (au moins 6 fois) pendant 5 ou 6 ans avec gestion soignée des produits de fauche et nettoyage du matériel.
- Arrachage manuel possible sur des petites surfaces (quelques m²) avec gestion soignée des produits de fauche et nettoyage du matériel. Idem que le fauchage, à réaliser plusieurs fois par an pendant plusieurs années.
La méthode la plus efficace reste la prévention : il faut protéger les secteurs qui n’ont pas encore été colonisés. C’est également en début d’invasion que l’on peut combattre efficacement la Renouée du Japon !
Une stratégie de lutte à adopter sur un site expérimental
La mise en place d’une surveillance initiale de la distribution de la renouée à l’échelle de la Communauté de Communes Les Bertranges est indispensable pour faire un état des lieux de la colonisation.
Aussi, le territoire de la Communauté de communes a été maillé en 6 secteurs afin de nommer un élu référent sur les espèces exotiques envahissantes par secteur.
Leur rôle est de mener une veille active qui consiste en la surveillance régulière des milieux afin d’agir au plus vite dès l’apparition de nouvelles tâches de renouées. Cette surveillance aboutira à une cartographie précise. Cela permettra de choisir la ou les méthode(s) la/les plus adaptée(s) à chaque site.
De manière générale, lutter contre une espèce invasive comme la Renouée du Japon, est un travail qui s’étend sur plusieurs années.
> Site expérimental à la déchèterie de Sichamps
La déchèterie de Sichamps est actuellement envahie par la Renouée du Japon. La Communauté de Communes Les Bertranges a décidé de faire un site expérimental pour lutter contre la Renouée et tester différentes techniques de gestion.
Une première action va avoir lieu le mardi 11 mai prochain en présence de Monsieur Gilles DEVIENNE, Vice-Président à l’Environnement et au Développement Durable, de Monsieur Éric JACQUET, Vice-Président à la Gestion et à la Valorisation des déchets et des élus référents espèces exotiques envahissantes de la Communauté de Communes.
Cette matinée a pour objectifs de lancer la politique de lutte contre les espèces exotiques envahissantes du territoire des Bertranges (Ambroisie à feuilles d’armoise, Renouée du Japon …) et le début du chantier expérimental. En effet, des panneaux de sensibilisation seront posés aux abords de la déchèterie pour informer le public de la réalisation d’un chantier.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter Elise BITAULT, Chargée de mission milieux humides Biodiversité à la Communauté de Communes Les Bertranges au 03 86 37 23 21
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